Dagur Kári © DR
Du cinéma islandais, on connaît surtout Baltasar Kormákur et la regrettée Sólveig Anspach. Né en 1973 à Paris, leur compatriote Dagur Kári s’est fait remarquer avec son premier long métrage, Noi l’albinos (2003), primé à quatre reprises au festival Premiers Plans d’Angers, puis Dark Horse (2005). Il a signé par la suite The Good Heart (2009) et Fúsi (2015), qui a obtenu trois récompenses au festival de Tribeca. Les protagonistes de ses films sont généralement des paumés romantiques en décalage par rapport à la société et aux sentiments, à l’instar du grapheur de Dark Horse.
Dans quelles conditions a été tourné Dark Horse ?
Dagur Kári Mon premier long métrage, Noi l’albinos s’était tourné dans des
conditions extrêmement difficiles, en plein milieu de l’hiver au nord de
l’Islande. C’est la raison pour laquelle, cette fois, je tenais à tourner
pendant l’été. Malheureusement l’été 2004 s’est révélé être le pire été dont
les gens se souviennent et les changements de temps incessants ont rendu le
tournage de Dark Horse encore plus
pénible que celui de Noi l’albinos.
Par ailleurs, le fait de tourner dans plus de cent décors naturels différents
n’a pas contribué à nous faciliter les choses. Notre objectif était de tourner
un film produit rapidement et pour un budget modeste, par rapport aux standards
danois, en l’occurrence 1 750 000 €. Dark Horse est une coproduction entre le Danemark et l’Islande dont
mes producteurs Birgitte Skov et Morten Kaufmann ont mis un an à trouver les
modes de financement. Le tournage a duré six semaines et trois jours au
Danemark et deux jours de tournage en Espagne. Le montage s’est poursuivi
pendant seize semaines, à la fois au Danemark et en Islande. Pour mon prochain
film, qui s’intitulera The Good Heart
et se déroulera dans un bar, je ne tournerai que dans trois décors et je me
limiterai aux intérieurs. Je me suis aussi juré de ne plus jamais tourner si je
ne disposais pas du temps nécessaire.
Quelle
conception vous faites vous de votre fonction de cinéaste ?
Être réalisateur est un métier très facile. On n’a
pas besoin de savoir manipuler le moindre matériel et on n’a rien à calculer.
On peut se contenter de sa personnalité et des mots « Action » et « Coupez ».
Prenez-vous
systématiquement en compte les aspects techniques et financiers d’un film ?
Les aspects techniques et financiers d’un film
sont aussi importants pour un film que le moteur et les roues le sont pour une
automobile.
Bande annonce de Dark Horse (2005)
Quel
est le stade de la production qui vous captive le plus ?
Ce qui me plaît tant dans le métier de cinéaste,
c’est qu’il est constitué d’une accumulation de tâches complémentaires
radicalement différentes que possible les unes des autres. Elles sont
impossibles à comparer et je les aime toutes, peut-être à l’exception du
financement proprement dit.
Que
représente pour vous le Festival de Cannes ?
C’est sans aucun doute le
plus grand festival du monde et je suis très honoré que mon film y ait été
sélectionné. En outre, je suis né dans le sud de la France et je suis
particulièrement heureux de revenir sur mon lieu de naissance avec mon propre
film dans mes bagages.
Envisagez-vous très en amont les bonus qui figurent sur l’édition DVD-Blu-ray de vos films ?
En l’occurrence, j’ai coupé de nombreuses scènes de Dark Horse, ce qui signifie que les
bonus du DVD seront exceptionnellement riches. Le scénario était volontairement
très épais, mais nous avions pleinement conscience que nous serions contraints
d’éliminer beaucoup de plans au moment du montage.
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