Accéder au contenu principal

Chloé Robichaud : Féminin singulier à la québécoise

Chloé Robichaud © Aramis Films

Née en 1988, la réalisatrice québécoise Chloé Robichaud a signé avec Sarah préfère la course un premier long métrage qui a fait le tour des festivals internationaux. Une aventure exemplaire du point de vue de cette cinéaste qui a réalisé auparavant cinq courts métrages : Regardless (2008), Au revoir Timothy (2009), Moi non plus et Nature morte (2010) et Chef de meute (2012). Elle a également signé Les best (2013), dans le cadre d’une carte blanche proposée par le festival du nouveau cinéma de Montréal, et a conçu avec Florence Gagnon une série télévisée intitulée Féminin/Féminin (2014). Son projet intitulé Pays est toujours en gestation.


Dans quel contexte technique et économique Sarah préfère la course a-t-il été réalisé ?
Chloé Robichaud Le film a bénéficié de l’appui financier de la Sodec et de Téléfilm Canada, dans le cadre de leurs fonds alloués aux films indépendants. Sarah préfère la course était donc un petit budget. La production a fait un superbe travail pour ne rien compromettre quant à mes choix artistiques face aux défis financiers. Je suis très fière du résultat à l’écran.

Quelle est la principale difficulté que vous ayez dû surmonter au cours de l’aventure de ce premier film ?
Nous disposions de peu de jours de tournage par rapport à la charge de travail envisagée. Je dirais que la fatigue accumulée pouvait par moments être notre principale difficulté. J’ai d’ailleurs beaucoup appris sur à la gestion de mon équipe, comment les rallier, les garder concentrer, même dans les journées moins évidentes.

Quelle conception vous faites vous de votre métier de réalisatrice ?
La réalisation est un métier fascinant. Je pense qu’il faut être créatif tout en étant à la fois entrepreneur, être solitaire tout en étant une personne d’équipe, être ouvert aux autres, mais être ferme au bon moment. Il faut d’abord et surtout aimer raconter des histoires, autant à l’écriture qu’au tournage ou même qu’au montage. 

Quel est le stade de la réalisation qui vous tient le plus à cœur ?
Chacun des stades de la réalisation possède sa particularité et me plaît énormément. Je trouve mon compte dans chacun d’entre eux. C’est justement le fait de ne jamais faire la même chose, d’être constamment dans le passage d’une étape à une autre, qui fait que j’aime autant mon métier.

Vous sentez-vous des affinités particulières avec d’autres cinéastes québécois ?
Je voue une grande admiration à Denys Arcand. Son cinéma m’interpelle toujours par sa grande intelligence et sa grande sensibilité. Nos points communs seraient peut-être notre amour des dialogues et cette ironie qui teinte parfois nos films.

Bande annonce de Sarah préfère la course (2013)

Pensez-vous que la vulgarisation des nouvelles technologies soit de nature à faire évoluer votre vision du cinéma ?
Oui, sans aucun doute. De toute façon, la technologie ne cesse de progresser et de faire évoluer notre art.

Quelle importance accordez-vous au festival de Cannes ?
Cannes est un événement grandiose, un genre de “Jeux Olympiques du cinéma”. Il y a une grande fierté nationale par rapport à la venue de cinéastes de chez nous à Cannes. Je porte cette fierté en moi avec une grande joie et beaucoup d’humilité.

Quels sont vos projets ?
Je finalise actuellement le scénario de mon deuxième long métrage qui s’intitulera Pays et que je souhaite tourner au printemps 2014. Le film parlera de trois femmes politiciennes qui nouent une amitié lors d’un conflit politique.
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand
en mai 2013


Le court métrage Les best (2013)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract