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Affichage des articles associés au libellé Iran

“Le diable n’existe pas” de Mohammad Rasoulof

Sheytan vojud nadarad Film germano-tchéco-iranien de Mohammad Rasoulof (2020), avec Ehsan Mirhosseini, Shaghayegh Shourian, Kaveh Ahangar, Alireza Zareparast, Salar Khamseh, Darya Moghbeli, Mahtab Servati… 2h32. Sortie le 1 er décembre 2021. Quatre récits se répondent et résonnent en écho dans l’Iran d’aujourd’hui où règne encore la peine de mort et dont les citoyens semblent prêts à mourir pour leur liberté. Tel est le postulat de ce film qui a valu à Mohammad Rasoulof l’Ours d’or de la Berlinale en 2020. Une structure envisagée par le réalisateur d’ Un homme intègre comme une occasion de tourner quatre courts métrages autour d’une thématique commune, la résistance de l’individu à une société oppressive, en évitant par la même occasion de s’attirer les foudres de la censure grâce à la souplesse apparente de son dispositif de production. Chacun des épisodes entretient des connivences avec les autres, à l’instar de cet antagonisme entre la ville dont les habitants sont contraints à l

“Careless Crime” de Shahram Mokri

Film iranien de Shahram Mokri (2020), avec Babak Karimi, Razie Mansori, Abolfazi Kahani, Mohamad Sareban, Adel Yaraghi, Behzad Dorani, Mahmoud Behraznia… 2h14. Sortie le 3 novembre 2021. Voici un film qui ne cherche pas vraiment la facilité. Sous prétexte d’évoquer un incendie criminel survenu en 1978 (l’année de sa naissance) dans le cinéma Rex d’Abadan qui aurait été l’un des premiers signes annonciateurs de la révolution iranienne, Shakram Mokri fracture son récit en plusieurs modules qui se télescopent et s’interpénètrent jusqu’à composer une sorte de requiem symboliste qui finit par montrer un écran dans un écran dans un écran, comme une mise en abyme absurde. À partir de ce fait divers controversé qui a provoqué près de cinq cents victimes et a été attribué par certains observateurs à des agents à la solde du pouvoir, par d’autres à des insurgés, Careless Crime se présente en fait comme une élégie du cinéma et un plaidoyer en faveur du droit de rêver dans un monde terriblement m

“Le pardon” de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha

Ghasideyeh gave sefid Film irano-français de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha (2020), avec Maryam Moghadam, Alireza Sani Far, Pouria Rahimi, Avin Poor Raoufi, Mohammad Heidari, Farid Ghobadi, Lili Farhadpour… 1h45. Sortie le 27 octobre 2021. Maryam Moghadam Le cinéma iranien est décidément aussi surprenant que multiple, à en juger par les films originaires de ce pays présentés dans les festival internationaux et sortis ces derniers mois. La loi de Téhéran de Saeed Roustayi a constitué le succès surprise de l’été dernier, Un héros d’Asghar Farhadi a obtenu le Grand Prix du dernier festival de Cannes et Le pardon de Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha figurait en compétition à Berlin. Lorsque Mina découvre que son mari a été exécuté pour un crime dont il était en fait innocent, elle entreprend d’obtenir réparation auprès de la justice. Une croisade de principe qui donne l’occasion au film de plonger dans les arcanes d’un système qui ignore la demi-mesure et qui, à trop vouloir fai

“La loi de Téhéran” de Saeed Roustayi

Metri Shesh Va Nim Film iranien de Saeed Roustayi (2019), avec Payman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Houman Kiai, Parinaz Izadyar… 2h10. Sortie le 28 juillet 2021. Tout commence par une folle poursuite entre un flic et un dealer. En pleine ville. On se croirait presque dans un film hollywoodien, sans les artifices de rigueur. À cette nuance près qu’ici courir fatigue ces personnages qui sont des humains avant d’être des héros et qu’ils doivent marquer des pauses pour reprendre leur souffle. Comme dans la vraie vie. La mise en scène est nerveuse, l’issue de la séquence très incertaine. En plus, elle semble prise sur le vif, parmi une véritable foule confrontée à une situation dont on ne sait si elle relève de la réalité ou de la fiction. Sa chute est quant à elle pour le moins soudaine, brutale et inattendue… Elle va déclencher une enquête de la police des polices sur la méthode employée et le désordre provoqué par une tentative d’interpellation dont le suspect semble s’être évanoui sans

“Le projet de mariage” d’Atieh Attarzadeh et Hesam Eslami

Projeyeh Ezdevaj Documentaire iranien d’Atieh Attarrzadeh et Hesam Eslami (2020) 1h20. 39 e Festival international Jean Rouch cinéma et anthropologie C’est souvent des pays en proie aux régimes les plus autoritaires que nous parviennent les concepts artistiques les plus audacieux. Le projet de mariage témoigne d’une expérience humaine entreprise en Iran. En l’occurrence, un centre psychiatrique de Téhéran a décidé de nouer des unions entre ses pensionnaires. Une initiative qui peut laisser perplexe, mais s’avère beaucoup plus positive qu’il ne pourrait y paraître de prime abord. Car chez ces gens en proie à leurs démons, la communication constitue parfois une thérapie en soi, aussi difficile soit-elle à instaurer. Surtout dans un milieu où la mixité est extrêmement réduite. En contrepoint de ce véritable laboratoire de l’amour, la réalisatrice Atieh Attarzadeh évoque sa propre histoire et son mariage à l’âge de 18 ans, comme un saut dans l’inconnu auquel elle n’était pas davantage p

“Yalda, la nuit du pardon” de Massoud Bakhshi

Yalda Film irano-franco-germano-suisso-luxembourgeois de Massoud Bakhshi (2019), avec Sadaf Asgari, Behnaz Jafari, Babak Karimi… 1h29. Sortie le 7 octobre 2020. Le cinéma iranien nous a habitués à des chroniques sociales tournées parfois clandestinement dans lesquelles s’expriment les aspirations d’un peuple dont les réalisateurs doivent rivaliser d’audace et d’inventivité pour échapper à une censure impitoyable. Massoud Bakhshi signe son deuxième long métrage de fiction après Une famille respectable , révélé lors de la Quinzaine des réalisateurs en 2012. Passé par la critique et le documentaire, il s’inspire dans Yalda, la nuit du pardon d’une émission de téléréalité existante qui fonctionne comme une sorte de jeu de la vérité et tente de résoudre médiatiquement des faits divers délicats. En l’occurrence, dans le film, une affaire criminelle dans laquelle une jeune femme confrontée à la mort accidentelle de son mari beaucoup plus âgé dont la propre fille l’accuse. La structure de Ya

Bahman Ghobadi : Des racines et un homme

Bahman Ghobadi © DR Originaire du Kurdistan iranien, le réalisateur Bahman Ghobadi est n é en 1969. Acclamé pour le court métrage documentaire Vivre dans le brouillard (1999), qui obtient une dizaine de récompenses internationales dont deux à Clermont-Ferrand, il passe au long avec  Un temps pour l'ivresse des chevaux (2000), qui reçoit la Caméra d’or au Festival de Cannes, puis confirme sa singularité avec Les chansons du pays de ma mère (2002), couronné du Prix François Chalais,  Les tortues volent aussi (2004), doublement primé à Berlin, San Sebastian et Fribourg,  Demi-lune (2006), deux fois distingué à San Sebastian,  Les chats persans (2009), Prix spécial du jury Un Certain Regard à Cannes, et La saison des rhinocéros (2012). On lui doit également les documentaires War is Over et Daf (2003), ainsi qu’un sketch du film collectif Words With Gods (2014). Vous avez la particularité d'être à la fois en compétition comme interprète du Tableau noir de Sam

Majid Majidi : Regard persan

Majid Majidi © DR Moins connu qu’Abbas Kiarostami et Makhmalbaf père et fille, le réalisateur iranien Majid Majidi s’est imposé sur la scène internationale à travers une série de chroniques intimistes dont Le père (1996), Prix du jury au festival de San Sebastian,  Les enfants du ciel  (1997) qui lui a valu une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger, La couleur du paradis (1999), primé à Valenciennes, Le chant des moineaux (2008), couronné d’un Prix d’interprétation masculine à Berlin, et Muhammad (2015), le film le plus cher jamais tourné en Iran. Dans son cinquième film, Le secret de Baran (2001), Grand Prix des Amériques à Montréal, il évoque le sort des réfugiés afghans en Iran, à travers la rencontre de deux adolescents. Quelle position occupez-vous au sein du cinéma iranien d’aujourd’hui ? Je fais partie de la génération de cinéastes de l’après-révolution, une Nouvelle Vague en quelque sorte. Mohsen Makhmalbaf, Ibrahim Hatamikia et Jaafar Panahi