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Affichage des articles associés au libellé Documentaire

“La mère de tous les mensonges” d’Asmae El Moudir

Kadib Abyad Documentaire maroco-égypto-saoudo-quatarien d’Asmae El Moudir (2023), avec Zahra Jeddaoui, Mohamed El Moudir, Ouardia Zorkani, Abdallah EZ Zouid, Zaid Masrour, Asmae El Moudir… 1h36. Sortie le 28 février 2024. Un nouveau langage Le documentaire est aujourd’hui devenu un véritable laboratoire qui ne cesse de se réinventer. Rithy Panh a révolutionné ce genre avec L’image manquante où, face à l’absence totale d’archives filmées de la mainmise des Khmers rouges sur le Cambodge, il a reconstitué des scènes de la vie quotidienne à l’aide de figurines pour donner à voir ce que les oppresseurs avaient entrepris d’effacer scrupuleusement. Ce qu’on fait également depuis des films d’animation consacrés à des pays aussi fermés que l’Afghanistan ou l’Iran. Un heureux hasard a voulu que les deux films lauréats de l’Œil d’or au dernier Festival de Cannes se soient inspirés de cette démarche. La réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania a ainsi compensé l’absence de trois des Filles d’O

“Bye Bye Tibériade” de Lina Soualem

Bye bye Tiberias Documentaire franco-belgo-qataro-palestinien de Lina Soualem (2023), avec Hiam Abbass,  Lina Soualem … 1h22. Sortie le 21 février 2024. Hiam Abbass et  Lina Soualem Destin de femme Certains acteurs sont aussi des personnages de cinéma hors du commun par leur itinéraire et leurs choix. C’est le cas de la comédienne Hiam Abbass, héritière des grandes tragédiennes méditerranéennes mise aujourd’hui en lumière par Lina Soualem, sa fille prodigue, laquelle a choisi d’emprunter la voie du documentaire et célèbre ici ses racines aussi tortueuses que l’histoire du Moyen-Orient. Une trajectoire mémorielle qui-sous-tendait déjà son premier film, Leur Algérie (2020), dans lequel elle interrogeait cette fois les racines de son père, lui aussi acteur, Zineddine Soualem. Ces deux documentaires passionnants où les témoignages se mêlent aux films de l’album de famille façonnent ainsi un devoir de mémoire en miroir qui ne se complaît jamais dans la nostalgie ni la complaisance. À trav

“La ferme des Bertrand” de Gilles Perret

Documentaire français de Gilles Perret (2023), avec Joseph Bertrand, André Bertrand, Jean Bertrand, Hélène Bertrand, Patrick Bertrand, Marc Bertrand, Alex Bertrand, Élodie Bertrand, Cécile Bertrand… 1h29. Sortie le 31 janvier 2024. Le monde agricole n’apparaît plus qu’en pointillés dans le cinéma français, que ce soit récemment dans Petit paysan (2017) d’Hubert Charuel,  Au nom de la terre (2019) d’Édouard Bergeon, La nuée (2020) de Just Philippot ou en filigrane de La voie royale de Frédéric Mermoud voire des Algues vertes de Pierre Jolivet. La ferme des Bertrand dresse une sorte d’état des lieux sur le registre documentaire d’une famille d’éleveurs savoyards que son réalisateur, Gilles Perret, avait déjà filmée à ses débuts, dans Trois frères pour une vie (1997), après avoir découvert un reportage réalisé par Marcel Trillat un quart de siècle plus tôt pour France 3. Il se livre cette fois à un exercice qui renvoie à un autre : les deux films en miroir tournés par son illustre

“Félix et moi, sur les traces du chanteur de Viens Poupoule !” de Luc Benito

Documentaire français de Luc Benito (2023), avec  Luc Benito,  François Morel, Charles Berling, Olivier Césaro, Jacques Maury, Antoine Sahler, Cécile Becquerelle, Serge Bromberg, Pierre Philippe… 1h38. Sortie le 24 janvier 2024. Charles Berling Tous les films ne laissent pas libres et égaux. Loin de là. La richesse de l’actualité ne doit pas étouffer dans l’œuf certaines initiatives audacieuses mais dotées de moyens de communication donc de médiatisation trop modestes. Tel est le cas du film consacré par Luc Benito à Félix Mayol, une figure légendaire du music-hall dont le nom est infiniment plus célèbre que son œuvre, même s’il pâtit d’une homophonie malheureuse avec celui du sculpteur Aristide Maillol. La ville de Toulon l’atteste aujourd’hui encore où son nom brille toujours dans quelques lieux emblématiques dont le stade municipal qui accueille les exploits de l’équipe de rugby locale et… un centre commercial. À l’orée du XX e siècle, brin de muguet à la boutonnière et houppette r

“Vivre avec les loups” de Jean-Michel Bertrand

Documentaire français de Jean-Michel Bertrand (2023), avec Jean-Michel Bertrand… 1h29. Sortie le 24 janvier 2024. Le cinéma animalier est devenu en quelques années un genre en soi qui va du témoignage humain saisi sur le vif à une fictionnalisation parfois très avancée. C’est sa fascination pour les loups qui a conduit Jean-Michel Bertrand à prendre une caméra pour en témoigner. Son nouveau film boucle une trilogie entreprise avec La vallée des loups (2016) et Marche avec les loups (2019) qui n’aurait sans doute pas existé sans la miniaturisation des outils de tournage et leur facilité d’utilisation. Il nous livre aujourd’hui une sorte de journal intime de sa cohabitation avec les canidés sauvages qu’il ponctue d’incursions dans des sites parfois éloignés de son rayon d’action afin de dresser un état des lieux documenté avec le concours de spécialistes reconnus de la condition animale. Un propos fort mais sujet à polémique qui lui a valu par le passé de recevoir des menaces de mort d

Wang Bing : L’œil du témoin

Wang Bing © Jean-Pierre Cousin Wang Bing est un cinéaste de la durée. Chacun de ses films constitue un nouveau défi pour lui qui y consacre des mois sinon des années mais aussi pour le spectateur qui doit s’adapter à son rythme si particulier. Une démarche qui fait écho à cette fameuse “Tentative d’épuisement d’un lieu” conceptualisée par l’écrivain Georges Perec et se rapproche dans sa démarche du travail de son glorieux aîné américain Frederick Wiseman. L’un et l’autre s’interdisent de commenter les images et les sons qu’ils enregistrent. C’est au public qu’il revient de les interpréter. Alors, bien sûr, la réalisation oriente notre regard, mais elle n’interfère pas pour autant avec notre libre-arbitre. Cette méthode particulière, le réalisateur chinois l’a mise au point et conceptualisée au fil du temps et d’une œuvre qui s’écoule comme un fleuve sauvage. Né en 1967 à Xi’an, la capitale de la province chinoise du Shaanxi, Wang Bing a étudié la photographie à l’académie des beaux-art