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Articles

Christoph Hochhäusler : Le cinéma dans la peau

Christoph Hochhäusler © Arte Né en 1972, Christoph Hochhäusler a fondé la revue cinéphilique allemande Revolver et tourné deux courts métrages, avant de se faire remarquer avec son premier long, Le bois lacté (2003), lequel a été suivi par L’imposteur (2005) et Sous toi, la ville (2010), tous deux présentés à Cannes, puis par Une minute d’obscurité (2011) et  Les amitiés invisibles (2014). Considéré comme l’un des représentants les plus prometteurs de la “nouvelle nouvelle vague” du cinéma de son pays, avec son camarade Benjamin Heisenberg, il a par ailleurs participé au film collectif Fragments d’Allemagne  (2009), un projet élaboré en écho au fameux manifeste L’Allemagne en automne (1978) dont les autres sketches ont été réalisés par Fatih Akin, Sylke Enders, Dominik Graf, Martin Gressmann, Romuald Karmakar, Nicolette Krebitz, Dani Levy, Angelika Schanelec, Hans Steinbichler, Isabelle Stever, Tom Tykwer et Hans Weingartner. Dans quelles conditions Sous toi, la v

Mahamat-Saleh Haroun : La puissance des ténèbres

Mahamat-Saleh Haroun © Pyramide Distribution Né en 1961,  Mahamat-Saleh Haroun est à lui seul l’incarnation d’un cinéma tchadien qui refuse de se laisser coloniser. Dans ce pays à peu près dépourvu d’infrastructures audiovisuelles, avec la complicité de sa fidèle productrice Florence Stern, il a tout de même réussi à affirmer sa volonté en tournant plusieurs courts métrages, les documentaires Bord’ Africa et  Sotigui Koyaté, un griot moderne (1995), Bye Bye Africa (1999) et Kalala (2006), le téléfilm Sexe, gombo et beurre salé (2008), ainsi que  quatre longs métrages de fiction : Abouna (2002), Daratt, saison sèche (2006), lauréat de cinq prix à la Mostra de Venise,  Un homme qui crie (2010), Prix du jury au Festival de Cannes, et Grigris (2013). Avez-vous montré Grigris avant sa présentation au dernier Festival de Cannes ? Mahamat-Saleh Haroun Quelques jours avant le festival, j’ai organisé une toute première projection officielle pour l’équipe et quelques

Joe Hisaishi : L’homme orchestre

Joe Hisaishi en concert © DR Crâne rasé, regard pétillant et sourire en coin, le musicien japonais Joe Hisaishi, né en 1950, dissimule sous l’apparence du dandysme élégant son statut de citoyen du monde. De cet artiste cultivé et affable, on connaît surtout les bandes originales qu’il a composées pour deux personnalités emblématiques du cinéma nippon que tout semble séparer, sinon le talent : Takeshi Kitano et Hayao Miyazaki. Il refuse toutefois d’entériner les connexions hâtives ou les clivages réducteurs qu’on serait tenté d’établir en écoutant la musique de Mon voisin Totoro (1988), L’été de Kikujiro (1999), Princesse Mononoke (1997), Le voyage de Chihiro (2001), Le vent se lève (2013) voire celle du Soleil se lève aussi de Jiang Wen (2007),  Sunny et l’éléphant de Frédéric Lepage (2008),  Le conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata ou  La maison au toit rouge de Yôji Yamada (2014).   Animation « Miyazaki est le seul réalisateur d’animation avec lequel

Pascal Greggory : Le grand méchant doux

Pascal Greggory dans Raja de Jacques Doillon (2003) © Les Films du Losange Longtemps associé au cinéma d’Eric Rohmer, Pascal Greggory, né en 1954, et révélé par André Téchiné dans le rôle du frère des Sœurs Brontë (1979), a toujours pratiqué la confusion des genres entre productions commerciales et films d’auteur voire expérimentaux, de La reine Margot de Patrice Chéreau (1994) -un autre de ses mentors- à Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999), La môme d’Olivier Dahan (2007), Mon amie Victoria de Jean-Paul Civeyrac (2014) et Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer (2016). Au point d’incarner un Occidental pris au piège de l’amour par une Marocaine insaisissable dans Raja (2003), libre variation de Jacques Doillon (qu’il retrouvera pour Le mariage à trois , en 2010) autour du roman de Pierre Loüys La femme et le pantin, déjà moult fois porté à l’écran, de Sternberg à Bunuel en passant par Duvivier. Doillon « Lorsque j’ai rencontré Doillon pour la première foi

Jacques-Rémy Girerd : La solitude de l’animateur de fond

Jacques-Rémy Girerd © DR Le destin des cinéastes d’animation condamne par principe ceux qui l’exercent à un travail de fourmi. Depuis ses débuts, en 1978, Jacques-Rémy Girerd, révélé par le court métrage L’enfant au grelot (1998), n’a ainsi mené à bien que trois longs : La prophétie des grenouilles (2003) -un million d’entrées en France !-, Mia et le Migou (2008), couronné d’un European Film Award, et Tante Hilda ! (2013), qui a été un semi-échec avec moins de 90 000 spectateurs et dont il a déclaré qu’il serait sa dernière réalisation. Mais celui qu’il cite comme l’un de ses maîtres, le Russe Youri Norstein, travaille pour sa part sur son adaptation du Manteau de Gogol depuis plus de… trente ans. Passionné d’écologie, Girerd incarne aussi la réussite de Folimage, la société qu’il a créée à Valence. Il poursuit sous son égide une activité intense de production qui lui a valu  d’initier  notamment  Une vie de chat (2010), nommé à l’Oscar et au César, et Phantom Boy (2015)

Byambasuren Davaa : La louve des steppes

Byambasuren Davaa (à droite) © DR Grâce à  L’histoire du chameau qui pleure (2003), film d’école coréalisé  avec son camarade de classe Luigi Falorni,  qui a obtenu une nomination à l’Oscar du meilleur documentaire et attiré près de 250 000 spectateurs français, la réalisatrice Byambasuren Davaa, née en 1971, a inscrit durablement le nom de la Mongolie extérieure sur la carte du cinéma mondial. Dans son troisième long métrage, cette ex-p résentatrice et assistante de réalisation à la télévision nationale, à nouveau remarquée pour  Le chien jaune de Mongolie  (2005), adopte la forme du Road Movie. Elle y suit la quête d’une chanteuse populaire, Urna Chahar-Tugchi, rencontrée en Allemagne, à la recherche des paroles oubliées des Deux chevaux de Gengis Khan , une ritournelle jusqu’alors perpétuée par la seule tradition orale. Une rengaine qu’elle va reconstituer en traversant son pays de part en part afin de rassembler les bribes éparses de sa mémoire collective. Entre documentai